Chroniques lausannoises ou quelque(s) oreilles à Pinsard
Au rythme de six soirées uniques échelonnées sur la saison 2003-2004 de l’Arsenic, Marielle Pinsard offre un regard complice sur la vie lausannoise.
À la base de ces chroniques : conversations retranscrites, ambiances sonores glanées, ainsi que des images panoramiques et vidéos. Chaque soirée s’articule autour d’un thème précis comme par exemple la transformation des pintes vaudoises en restaurants asiatiques, les parcs publics, les feux rouges, etc.
Au final, courtes formes théâtrales et musique enregistrée avec artistes invités et djs, mais aussi en-cas et petits verres pour un concept vivant et tonifiant.
Extrait de texte
Extrait de la chronique théâtrale 1
AUX FEUX DEVANT LE BLEU LEZARD
– eh adieu j’t avais pas vu
– mais ouais c’est moi tu vas bien ou
– ouais j’dois t’avouer qu’en c’moment c’est assez sympa
pis toi ?
– ben ca irait mieux si fallait pas s’taper 4h30 de feux chaque jour
– ouais c’est l’angoisse et j’te dis un truc c’est pas fini
– quoi c’est pas fini
– enfin j’veux dire y continue d’en foutre partout ah ouais ou ça
– ben tu prends la rue comment déjà la rue qui descend non pardon la rue euh vers chez les flic là
la rue qui tourne euh.. voilà, ben j’etais en bagnole et tac au mi’llieux y avait un feux tu sais pas ni comment ni pourquoi
– ah mais tu cause de la bagnole là moi j’te dis à pieds t’es super freîné donc y a tout long des feux d’15minutes chacun
– ouais à Neuch y m’semble que qu’en t y vas y a plus de sous voies
c’est con mais fallait y penser hop un sous- voie pis t’es t’es d’l’aut côté en 15 secondes
ouais mais faut avoir envie tu dois descendre tout l’truc pis le r’monter
a part ca tout bêtement à G’neve hein c’est un long feux pis hop 2 ptits feux sympa
enfin sympa suportable quoi
– ouais pis donc ya vag’ment plus de traffic qu’a Lausanne si jose
– oh ben ose donc alors hein
moi ca fait dix ans que j’me tape suis là et j’suis obligée de faire avec
– bon dis tu salue bien ton homme et on s’appelle un d’ces 4
– tout à fait oui et toi ben passe une bonne journée
– merci adieu ciao ciao j’me grouille excuses
Extrait de la chronique « Lausanne Imaginaire » 1
Vous faites un quart de tour, vous partez en direction du Grand-Pont. Autour de vous toujours de la musique, et ces incroyables couleurs sur les maisons.
Devant vous défilent les nouveaux bus de la ville. Ils sont gratuits, silencieux, à deux étages. Ils glissent presque voluptueusement sur le pavé mordoré, portés par un coussin d’air. Vous apercevez les conducteurs souriants saluer les passagers.
Vous arrivez au Grand-Pont. Son entrée est délimité par deux gigantesques
statues de femme. Elles sont nues, musclées, rondes, tirées d’un marbre noir, elles observent les passants avec douceur, comme une mère couve son bébé avec tendresse.
Extrait de la chronique théâtrale 2
AU CAFE ROMAND A 5 HEURES
(MMAD MARBLUM PIERRE)
Marblum -Madm’oiselle on peut avoir des salées on nous les a pas données
Serveuse -ah attendez t’nez en voilà déjà une
Mmad -ah non je r’grettes alors nous on les veut chaudes
-oh mais là elles sont toutes chaudes elles sont sorties à 5 heure pile
et
il est 17h05
Marblum -ah parc’qu nous on les mangent pas froides ça c’est une chose
sûr
LA SERVEUSE VA EN CHERCHER D’AUTRES
ELLE TATE LA SALEE
Mmad -ben non qu’elle est pas toute chaude
Pierre -elle est assez nouvelle je crois
Marblum -je r’grette mais c’est pas une raison pour qu’les salées soient
froides
-mais t’façon c’est simple on les mangent pas on les mangent pas et
voilà
c’est pas compliqué
Mmad -Mad’moiselle
oui ca vient
Mmad -excusez nous mais mais elle est pas chaude celle là
LA SERVEUSE REPART AVEC LA SALEE FROIDE
Pierre -on est désolé hein
Mmad -juste moi j’ai eu l’impression qu’elle était froide après p’tet
qui
s’trouve qu’c va mais moi j’veux pas avoir l’air d’celle qui pinaille
donc
hein
marblum -non j’te fais tout à fait confiance ça f’sait un moment qu’elle
était sur l’aut’table
j’ai bien vu alors qu’en elle dit qu’elle vient d’arriver
ARRIVE UNE AUTRE SERVEUSE AVEC D’AUTRES SALEES(LA BLACK
La black -Y a un problème avec les salées ?
Mmad -non non mais elles sont elles étaient froides alors qu’normal’ment
on
les mangent chaudes
-oui elles sont pas chaudes
la black-ah mais moi je sais pas en tout cas elles sont toutes sortis à 5h
LA BLACK POSENT LES SALEES
LES DAMES TOUCHENT LES SALEES
Pierre –Aïe
Mmad -ouh c’est chaud
à ça elles les on vite remises au four c’est moi qui t’dis
Marblum -aïe ouh faut attendre un peu j’crois
Pierre -mmmh c’est les meilleurs du monde
(SOUPIR)
Marblum -ah quel’ bataille pour un ch’val
Extrait de la chronique théâtrale 3
DEVANT LE BAR KARAOKE « LE CYRANO »
DES JEUNES 16 ANS(ACCENT YO)
(ILS ON UN COPAIN QUI REVIENT DE L’ENTREE DU CLUB)
M-alors y t’as dis quoi ?
Mmd-on peut pas rentrer
M-quoi alors on s’en va ?
Mmd-ben ouais on va pas s’ moisir non
P-attends y a Sémir eh Sémir t’as une invit ?
Mmd-eh Sémir fait l’code des yeux à Obélix là à l’entrée
P-il a d’la chance qu’on aille pas tous
-ouais on lui met l’revolver sur la tempe la et
LE JEUNE FAIT UN BRUIT DE FLINGUE QUI TIRE PUIS
CRI PRIMAL GENRE SINGE DES 3 JEUNES
Mmd-eh celle là elle a mangé d’la soupe à Obelix t’as vu sa taille
ILS RIGOLENT
M-se s’rait mieux les seins
RIRES
P-arrête de boire toi
Mmd-donne- moi ça
M-alors y t’a pas laisser malgré l’invit ? ah la lopette
viens on va lui foutre un gourdin
ILS N’Y VONT PAS MAIS POUSSENT DES
CRIS PRIMALS GENRE SINGE
Mmd-on a pas 18 ans ben euh y devrait et’content quoi d ‘avoir des jeunes on est pas.. c’est pas soirée avec des cartes aux Lotto là et 90 ans dans des vieux fauteuils hein
PETIT RIRE BETE
P-eh t’as pas fais l’code des yeux ? hein dis y t’as dosé ? oh Obelix on veux rentrer !!
M-c’est pas marqué la poste ici
Mmd-si y fait rentrer qu’des vieux on va on va on descend quoi on va au Side quoi
M-attends moi j’pisses
P-viens par là
M-eh t’es fou y a une de ces lumières
P-mais arrête viens y a ma mère elle travaille là c’est noir plus loin viens
Mmd-bon nous on va déjà
Extrait de la chronique théâtrale 4
O -tu sais pourquoi on dit croque-mort ? enfin l’origine
O -parc’ qu ‘a l’époque pour savoir si l’mec était mort il lui mordait le gros doigt
M -attends voir tu tu r’prend un blanc ou
O -non moi j’vais au schnaps la
M -alors mad’moiselle
LA SERVEUSE CHINOISE ARRIVE
O -2 d’blanc pis un schnaps champs hein comme l’autre jour schnapps
-alors j’dsais quoi;
M -tu disais l’croque-mort y croquait des pieds a l’époque
O -ouais donc alors par la suite
ARRIVE LA SERVEUSE AVEC UN VERRE DE BLANC ET UN SCHNAPPS DANS UN VERRE DE BLANC
O -oh mon dieu malheureuse c’est non non le schnapps c’est pas dans un verre de blanc j’suis désolé y faut.. attendez je r’vais la..
IL SE LEVE POUR LUI MONTRER
O -Non parc’que ça c’est alors quand vous entendez schnaps moi ou quelqu’un hein schnaps quoi c’est..dans ces verres là..et pas dans ceux là ok ? ca c’est pour le vin rouge euh le vin blanc et des pour l’eau mais jamais pour le schnapps hein c’est.. ça fait pas donc
LA SERVEUSE FAIT « OUI » DE LA TETE
Extrait chronique « Lausanne Imaginaire » 4
Vous voilà à l’entrée du Petit chêne. Vous entreprenez lentement l’ascension de la rue. Il fait toujours chaud.
Autour de vous, les maisons d’habitations, de pierre brute, n’ont qu’un seul étage en bois. Elles sont allongées et couvertes de dessins aux couleurs délavées.
Sur les perrons, les habitants discutent le bout de gras, l’un s’adonne au jeu de go, un autre vend du bric à brac et de la nourriture.
Vous percevez le son plaintif et lointain d’une flûte de bambou et le bruit des mobiles s’entrechoquant dans le vent léger. L’air embaume le curry, le misô et le porc grillé.
D’ici, si vous levez les yeux, vous apercevez parfaitement les nouveaux faubourgs sur les hauteurs de la ville. On les nomme les « quartiers spontanés ». En effet ceux-ci sortent littéralement de terre en une nuit. D’ailleurs il arrive parfois qu’ils disparaissent à la même vitesse. Évidemment personne ou presque n’y séjourne actuellement.
Vous continuez de monter la rue et sur votre droite apparaît, cassant la monotonie des basses maisons, une surprenante pagode à 5 étages, peinte en grenat. Les petits toits peu pentus à quatre côtés sont couverts de tuiles noires. À chacun des coins, des dragons adressent des grimaces au vide qui les entoure. Une lumière orangée filtre des fenêtres au verre poncé. Au bas de la tour de bois laqué, un PMU s’est installé, et vous captez l’éclat des TV à travers les vitrines. L’enseigne à l’effigie d’Ovomaltine brille au-dessus de la porte : vous y lisez « chez Aeberhardt »
Extrait de la chronique théâtrale 5
DEUX ESPAGNOLS REGARDENT UN JARDINIER DE LA VILLE
P- Ils che plaignent maistu peux voir qué y a pas… y chont pas…
M-Y chont pas schtress quoi
P- Avant on travaillait qinch heures par chour. Et on fichait pas euh on fechait pas à moitié le trabaille
M- Et on paye les chimpôts et que j’peux dire euh ch’a pourait et avec avoir pluchs de fleurs par echample
Extrait de la chronique théâtrale 6
SECTEUR 21 DU CIMETIERE
M- oh la on dirait qui y a des bêtes qu’y ont mangé là..
O- mais elles sont encore bien j’trouve..
M-un peu desséchées quand même
O- desséchées desséchées.r’garde voir à côté discrèt’ment moi CA j’appelle desséchées..
PETIT SILENCE DE MORT
M- c’est joli ce bleu avec les rouges..pis le rosier il a l’air tout bien
O -mmh ‘c’est marrant dans l’allée plus bas les fleurs elles étaient d’jà sorties
M- où ça ?
O- juste en d’ssous là vers l’ secteur euh 18 j’pense vu qu’on est au 21.. là où y a toute c’te série de Ch’valley
M- ah mais on voit un peu d’ici.. c’est vrai qu’c’est joli vraiment
on va chercher l’eau ?
Distribution
Mise en place du concept : Marielle Pinsard
Responsable chroniques théâtrales : Marielle Pinsard
Responsable chroniques musicales : Stéphane Blok
Assistante : Cristina Martinoni
Jeu chronique théâtrale : Caroline Althaus, Marblum Jecquier, Marie-Madeleine Pasquier, Olivier Guibert, Pierre Spuhler, Caroline Althaus, Marie-Delphine Jaquet et Nicolas Gatteni
Invités : Eric Baatard, Emmanuelle Diebold, Yves-André Donzé dit le Yad, Nicolas Meyer avec la Fanfare Traction Avant, Simone Audemars, Ludovic Barth, Laurent Burla, Mathylde Démarez et Hélene Firla
Figurants : Caroline Althaus, Catherine Badertcher, Cristina Martinoni, Jelena Stano, Adeena Mey, Munkhijargal, Ly Dang Charrière, Dan Bi-Mong, Youssef, Yannick, Jaijov, Dragisa, Alan et Simon, Samnag
Conception, écriture et jeu chronique « Lausanne imaginaire » : Manu Moser
Conception, enregistrements et jeu « Chronique d’ailleurs » : Françoise Boillat, Guillaume Beguin, Stefan Kraft
Musicien invité : Moreno Antognini, Patricia Bosshard, André Decosterd, Carole Fouvy et Arthur Besson
Choeur Quarte Sixt : Carole Fouvy, Laure Delgrande, Delphine Blailé, Olivier Blailé, Stéphane Delgrande, Jack Pasche et Julien Vogel
Rappeurs : Gambi, Youssef
Dj : Master Margherita, Serge Perret et Aurélien Chouzenoux
Conception décor : Serge Perret, Frédéric Pfefferlé, assistés de Frédérique Vidal
Construction décor : Serge Perret et Frédérique Vidal
Intervention dans le décor : Eglise évangélique réformée, Région de la Côte et Terre Sainte – Aurore Gafner, Arielle de Goumoëns, Claire Perrinjacquet, Pascaline Sordet et Samuel Gabrieli
Tags : Alan, Mons’
Conception et régie lumières : Frédérique Vidal assisté de Frédéric Pfefferlé
Design : Frédéric Pfefferlé
Panoramiques et vidéos : Sarah A. Perrig
Exposition photos foyer : Yves Leresche
Responsable bar : Roseline Leyvraz, accompagnée de Mey Adeena, Dan Bi-Mong, Elisa Bonetti, Ly Dang Charrière, Jane Demaurex et Munkhijargal, Young Soon Cho et Mimi
Administration : Ivan Pittalis
Audio
Dates
Théâtre Arsenic, Lausanne
les 20 novembre et 18 décembre 2003
les 19 février, 25 mars, 6 mai et 10 juin 2004
Distributuion
Mise en place du concept : Marielle Pinsard
Responsable chroniques théâtrales : Marielle Pinsard
Responsable chroniques musicales : Stéphane Blok
Assistante : Cristina Martinoni
Jeu chronique théâtrale : Caroline Althaus, Marblum Jecquier, Marie-Madeleine Pasquier, Olivier Guibert, Pierre Spuhler, Caroline Althaus, Marie-Delphine Jaquet et Nicolas Gatteni
Invités : Eric Baatard, Emmanuelle Diebold, Yves-André Donzé dit le Yad, Nicolas Meyer avec la Fanfare Traction Avant, Simone Audemars, Ludovic Barth, Laurent Burla, Mathylde Démarez et Hélene Firla
Figurants : Caroline Althaus, Catherine Badertcher, Cristina Martinoni, Jelena Stano, Adeena Mey, Munkhijargal, Ly Dang Charrière, Dan Bi-Mong, Youssef, Yannick, Jaijov, Dragisa, Alan et Simon, Samnag
Conception, écriture et jeu chronique « Lausanne imaginaire » : Manu Moser
Conception, enregistrements et jeu « Chronique d’ailleurs » : Françoise Boillat, Guillaume Beguin, Stefan Kraft
Musicien invité : Moreno Antognini, Patricia Bosshard, André Decosterd, Carole Fouvy et Arthur Besson
Choeur Quarte Sixt : Carole Fouvy, Laure Delgrande, Delphine Blailé, Olivier Blailé, Stéphane Delgrande, Jack Pasche et Julien Vogel
Rappeurs : Gambi, Youssef
Dj : Master Margherita, Serge Perret et Aurélien Chouzenoux
Conception décor : Serge Perret, Frédéric Pfefferlé, assistés de Frédérique Vidal
Construction décor : Serge Perret et Frédérique Vidal
Intervention dans le décor : Eglise évangélique réformée, Région de la Côte et Terre Sainte – Aurore Gafner, Arielle de Goumoëns, Claire Perrinjacquet, Pascaline Sordet et Samuel Gabrieli
Tags : Alan, Mons’
Conception et régie lumières : Frédérique Vidal assisté de Frédéric Pfefferlé
Design : Frédéric Pfefferlé
Panoramiques et vidéos : Sarah A. Perrig
Exposition photos foyer : Yves Leresche
Responsable bar : Roseline Leyvraz, accompagnée de Mey Adeena, Dan Bi-Mong, Elisa Bonetti, Ly Dang Charrière, Jane Demaurex et Munkhijargal, Young Soon Cho et Mimi
Administration : Ivan Pittalis
Audio
Dates
Théâtre Arsenic, Lausanne
les 20 novembre et 18 décembre 2003
les 19 février, 25 mars, 6 mai et 10 juin 2004
Presse
24 Heures, samedi 22 novembre 2003
La liberté, samedi 22 novembre 2003
Fémina, dimanche 14 décembre 2003
Le Temps, jeudi 18 décembre 2003
24 Heures, samedi 22 novembre 2003
La liberté, samedi 22 novembre 2003
Fémina, dimanche 14 décembre 2003
Le Temps, jeudi 18 décembre 2003
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Extrait de texte
Extrait de la chronique théâtrale 1
AUX FEUX DEVANT LE BLEU LEZARD
– eh adieu j’t avais pas vu
– mais ouais c’est moi tu vas bien ou
– ouais j’dois t’avouer qu’en c’moment c’est assez sympa
pis toi ?
– ben ca irait mieux si fallait pas s’taper 4h30 de feux chaque jour
– ouais c’est l’angoisse et j’te dis un truc c’est pas fini
– quoi c’est pas fini
– enfin j’veux dire y continue d’en foutre partout ah ouais ou ça
– ben tu prends la rue comment déjà la rue qui descend non pardon la rue euh vers chez les flic là
la rue qui tourne euh.. voilà, ben j’etais en bagnole et tac au mi’llieux y avait un feux tu sais pas ni comment ni pourquoi
– ah mais tu cause de la bagnole là moi j’te dis à pieds t’es super freîné donc y a tout long des feux d’15minutes chacun
– ouais à Neuch y m’semble que qu’en t y vas y a plus de sous voies
c’est con mais fallait y penser hop un sous- voie pis t’es t’es d’l’aut côté en 15 secondes
ouais mais faut avoir envie tu dois descendre tout l’truc pis le r’monter
a part ca tout bêtement à G’neve hein c’est un long feux pis hop 2 ptits feux sympa
enfin sympa suportable quoi
– ouais pis donc ya vag’ment plus de traffic qu’a Lausanne si jose
– oh ben ose donc alors hein
moi ca fait dix ans que j’me tape suis là et j’suis obligée de faire avec
– bon dis tu salue bien ton homme et on s’appelle un d’ces 4
– tout à fait oui et toi ben passe une bonne journée
– merci adieu ciao ciao j’me grouille excuses
Extrait de la chronique « Lausanne Imaginaire » 1
Vous faites un quart de tour, vous partez en direction du Grand-Pont. Autour de vous toujours de la musique, et ces incroyables couleurs sur les maisons.
Devant vous défilent les nouveaux bus de la ville. Ils sont gratuits, silencieux, à deux étages. Ils glissent presque voluptueusement sur le pavé mordoré, portés par un coussin d’air. Vous apercevez les conducteurs souriants saluer les passagers.
Vous arrivez au Grand-Pont. Son entrée est délimité par deux gigantesques
statues de femme. Elles sont nues, musclées, rondes, tirées d’un marbre noir, elles observent les passants avec douceur, comme une mère couve son bébé avec tendresse.
Extrait de la chronique théâtrale 2
AU CAFE ROMAND A 5 HEURES
(MMAD MARBLUM PIERRE)
Marblum -Madm’oiselle on peut avoir des salées on nous les a pas données
Serveuse -ah attendez t’nez en voilà déjà une
Mmad -ah non je r’grettes alors nous on les veut chaudes
-oh mais là elles sont toutes chaudes elles sont sorties à 5 heure pile
et
il est 17h05
Marblum -ah parc’qu nous on les mangent pas froides ça c’est une chose
sûr
LA SERVEUSE VA EN CHERCHER D’AUTRES
ELLE TATE LA SALEE
Mmad -ben non qu’elle est pas toute chaude
Pierre -elle est assez nouvelle je crois
Marblum -je r’grette mais c’est pas une raison pour qu’les salées soient
froides
-mais t’façon c’est simple on les mangent pas on les mangent pas et
voilà
c’est pas compliqué
Mmad -Mad’moiselle
oui ca vient
Mmad -excusez nous mais mais elle est pas chaude celle là
LA SERVEUSE REPART AVEC LA SALEE FROIDE
Pierre -on est désolé hein
Mmad -juste moi j’ai eu l’impression qu’elle était froide après p’tet
qui
s’trouve qu’c va mais moi j’veux pas avoir l’air d’celle qui pinaille
donc
hein
marblum -non j’te fais tout à fait confiance ça f’sait un moment qu’elle
était sur l’aut’table
j’ai bien vu alors qu’en elle dit qu’elle vient d’arriver
ARRIVE UNE AUTRE SERVEUSE AVEC D’AUTRES SALEES(LA BLACK
La black -Y a un problème avec les salées ?
Mmad -non non mais elles sont elles étaient froides alors qu’normal’ment
on
les mangent chaudes
-oui elles sont pas chaudes
la black-ah mais moi je sais pas en tout cas elles sont toutes sortis à 5h
LA BLACK POSENT LES SALEES
LES DAMES TOUCHENT LES SALEES
Pierre –Aïe
Mmad -ouh c’est chaud
à ça elles les on vite remises au four c’est moi qui t’dis
Marblum -aïe ouh faut attendre un peu j’crois
Pierre -mmmh c’est les meilleurs du monde
(SOUPIR)
Marblum -ah quel’ bataille pour un ch’val
Extrait de la chronique théâtrale 3
DEVANT LE BAR KARAOKE « LE CYRANO »
DES JEUNES 16 ANS(ACCENT YO)
(ILS ON UN COPAIN QUI REVIENT DE L’ENTREE DU CLUB)
M-alors y t’as dis quoi ?
Mmd-on peut pas rentrer
M-quoi alors on s’en va ?
Mmd-ben ouais on va pas s’ moisir non
P-attends y a Sémir eh Sémir t’as une invit ?
Mmd-eh Sémir fait l’code des yeux à Obélix là à l’entrée
P-il a d’la chance qu’on aille pas tous
-ouais on lui met l’revolver sur la tempe la et
LE JEUNE FAIT UN BRUIT DE FLINGUE QUI TIRE PUIS
CRI PRIMAL GENRE SINGE DES 3 JEUNES
Mmd-eh celle là elle a mangé d’la soupe à Obelix t’as vu sa taille
ILS RIGOLENT
M-se s’rait mieux les seins
RIRES
P-arrête de boire toi
Mmd-donne- moi ça
M-alors y t’a pas laisser malgré l’invit ? ah la lopette
viens on va lui foutre un gourdin
ILS N’Y VONT PAS MAIS POUSSENT DES
CRIS PRIMALS GENRE SINGE
Mmd-on a pas 18 ans ben euh y devrait et’content quoi d ‘avoir des jeunes on est pas.. c’est pas soirée avec des cartes aux Lotto là et 90 ans dans des vieux fauteuils hein
PETIT RIRE BETE
P-eh t’as pas fais l’code des yeux ? hein dis y t’as dosé ? oh Obelix on veux rentrer !!
M-c’est pas marqué la poste ici
Mmd-si y fait rentrer qu’des vieux on va on va on descend quoi on va au Side quoi
M-attends moi j’pisses
P-viens par là
M-eh t’es fou y a une de ces lumières
P-mais arrête viens y a ma mère elle travaille là c’est noir plus loin viens
Mmd-bon nous on va déjà
Extrait de la chronique théâtrale 4
O -tu sais pourquoi on dit croque-mort ? enfin l’origine
O -parc’ qu ‘a l’époque pour savoir si l’mec était mort il lui mordait le gros doigt
M -attends voir tu tu r’prend un blanc ou
O -non moi j’vais au schnaps la
M -alors mad’moiselle
LA SERVEUSE CHINOISE ARRIVE
O -2 d’blanc pis un schnaps champs hein comme l’autre jour schnapps
-alors j’dsais quoi;
M -tu disais l’croque-mort y croquait des pieds a l’époque
O -ouais donc alors par la suite
ARRIVE LA SERVEUSE AVEC UN VERRE DE BLANC ET UN SCHNAPPS DANS UN VERRE DE BLANC
O -oh mon dieu malheureuse c’est non non le schnapps c’est pas dans un verre de blanc j’suis désolé y faut.. attendez je r’vais la..
IL SE LEVE POUR LUI MONTRER
O -Non parc’que ça c’est alors quand vous entendez schnaps moi ou quelqu’un hein schnaps quoi c’est..dans ces verres là..et pas dans ceux là ok ? ca c’est pour le vin rouge euh le vin blanc et des pour l’eau mais jamais pour le schnapps hein c’est.. ça fait pas donc
LA SERVEUSE FAIT « OUI » DE LA TETE
Extrait chronique « Lausanne Imaginaire » 4
Vous voilà à l’entrée du Petit chêne. Vous entreprenez lentement l’ascension de la rue. Il fait toujours chaud.
Autour de vous, les maisons d’habitations, de pierre brute, n’ont qu’un seul étage en bois. Elles sont allongées et couvertes de dessins aux couleurs délavées.
Sur les perrons, les habitants discutent le bout de gras, l’un s’adonne au jeu de go, un autre vend du bric à brac et de la nourriture.
Vous percevez le son plaintif et lointain d’une flûte de bambou et le bruit des mobiles s’entrechoquant dans le vent léger. L’air embaume le curry, le misô et le porc grillé.
D’ici, si vous levez les yeux, vous apercevez parfaitement les nouveaux faubourgs sur les hauteurs de la ville. On les nomme les « quartiers spontanés ». En effet ceux-ci sortent littéralement de terre en une nuit. D’ailleurs il arrive parfois qu’ils disparaissent à la même vitesse. Évidemment personne ou presque n’y séjourne actuellement.
Vous continuez de monter la rue et sur votre droite apparaît, cassant la monotonie des basses maisons, une surprenante pagode à 5 étages, peinte en grenat. Les petits toits peu pentus à quatre côtés sont couverts de tuiles noires. À chacun des coins, des dragons adressent des grimaces au vide qui les entoure. Une lumière orangée filtre des fenêtres au verre poncé. Au bas de la tour de bois laqué, un PMU s’est installé, et vous captez l’éclat des TV à travers les vitrines. L’enseigne à l’effigie d’Ovomaltine brille au-dessus de la porte : vous y lisez « chez Aeberhardt »
Extrait de la chronique théâtrale 5
DEUX ESPAGNOLS REGARDENT UN JARDINIER DE LA VILLE
P- Ils che plaignent maistu peux voir qué y a pas… y chont pas…
M-Y chont pas schtress quoi
P- Avant on travaillait qinch heures par chour. Et on fichait pas euh on fechait pas à moitié le trabaille
M- Et on paye les chimpôts et que j’peux dire euh ch’a pourait et avec avoir pluchs de fleurs par echample
Extrait de la chronique théâtrale 6
SECTEUR 21 DU CIMETIERE
M- oh la on dirait qui y a des bêtes qu’y ont mangé là..
O- mais elles sont encore bien j’trouve..
M-un peu desséchées quand même
O- desséchées desséchées.r’garde voir à côté discrèt’ment moi CA j’appelle desséchées..
PETIT SILENCE DE MORT
M- c’est joli ce bleu avec les rouges..pis le rosier il a l’air tout bien
O -mmh ‘c’est marrant dans l’allée plus bas les fleurs elles étaient d’jà sorties
M- où ça ?
O- juste en d’ssous là vers l’ secteur euh 18 j’pense vu qu’on est au 21.. là où y a toute c’te série de Ch’valley
M- ah mais on voit un peu d’ici.. c’est vrai qu’c’est joli vraiment
on va chercher l’eau ?