« Dans sa série de tableaux, l’auteure et metteure-en-scène suisse romande Marielle Pinsard joue avec l’opposition entre le Noir et le Blanc, l’Afrique et l’Europe, avec une intelligence fine, un sens rare de la réalisation scénique et un humour désarmant.

Ce qui l’intéresse, dans cette confrontation, ce n’est pas le commun mais le singulier. À l’origine des recherches qu’elle a menées en Suisse, en France, au Bénin et au Burkina Faso, il y a la question de notre rapport aux bêtes. En quatorze petits récits, brillamment joués par un ensemble de neuf comédiens africains et européens, elle éclaire différentes facettes du rapport de l’être humain avec la (ou sa) nature. Du jardin d’Eden à la poule du vaudou, aucun cliché n’est épargné. Les feuilles de vignes tourbillonnent de manière provocante et l’animal est attrapé par la queue. Un divertissement fantastique! » 

Esther Schmitt, Theaterspektakel, Zurich

Le spectacle

Un spectacle en quatorze tableaux dans un décor épuré. Sur scène : 4 comédiens africains, 4 comédiens suisses et 1 danseur « bionique » sur le thème de « l’Homme et la bête ». Vision poétique, vision animale, vision mystique, vison biblique… chaque comédien est acteur de son imaginaire et se transforme – particularité de l’Homme – au gré de son imaginaire. Le travail des artistes burkinabés porte principalement sur l’incantation-transformation, celui des artistes béninois sur des légendes et danses profanes vaudou. Les comédiens suisses travaillent autour des métamorphoses d’Ovide, de la Genèse, de certaines images du bestiaire biblique et du conte de La belle et la bête.

Marielle Pinsard a choisi de travailler en Afrique avec les Africains, en Suisse avec les Suisses afin de préserver l’identité environnementale et émotionnelle des comédiens. Elle a ainsi pu intégrer au spectacle des gestes et des objets qui appartiennent au quotidien, au monde et à l’esprit des différents intervenants de la pièce.

En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ? est un spectacle où « l’être singulier » côtoie et tutoie un collectif, et ce choc d’êtres humains renvoie parfois, comme en écho, au titre de la pièce.

J’aimerais, en ma qualité d’auteure et metteure en scène, envisager le multiculturalisme que ce projet propose selon l’idée que, de la notion de « tous semblables », on pourrait arriver à celle de « tous singuliers ». Je n’ai pas envie de valoriser à tout prix l’harmonie des peuples comme gage de réussite.

Marielle Pinsard

Genèse du projet

« L’Homme et la bête » est un thème titanesque, investi depuis longtemps par d’innombrables disciplines : philosophie, ethnologie, anthropologie, histoire de l’art…

Tout a commencé en 2009, lorsque Marielle Pinsard a mené un premier travail sur des sujets emblématiques concernant « l’Homme et la bête » avec sept comédiens suisses. De ce travail est né Assis et carnivore, joué à Lausanne et Genève en janvier 2010. Le thème de ce spectacle se centrait principalement sur la capacité unique et propre à l’être humain de se transformer. Le travail de jeu et d’écriture du texte s’est élaboré à partir d’improvisations basées sur une série de conférences données par différents spécialistes : une généticienne, un historien du Moyen-âge, une neuropsychiatre spécialiste du langage, un chasseur, un physicien anthropologue, un philosophe éthologue et une spécialiste des masques suisses.

Par la suite, Marielle Pinsard a étendu ce travail au continent africain, où elle a fait un périple qui l’a menée en Afrique du Sud, au Mozambique, au Bénin et au Burkina Faso. Dans chacun de ces pays, elle a donné plusieurs workshops autour de « l’Homme et la bête ». Tout cela en vue de la création du spectacle En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ?, qui confronte diverses visions du rapport à l’animal et à la bête en chacun de nous.

En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ? réunit sur le plateau une partie des artistes suisses qui ont participé à Assis et Carnivore et quatre artistes africains retenus parmi ceux avec qui elle a travaillé lors des nombreux workshops donnés en Afrique. La pièce confronte ainsi les perspectives africaines et européennes sur le sujet de « l’Homme et la bête » et donne corps à un spectacle de synthèse, réverbérant l’écho polyphonique né de ces recherches sur notre rapport à l’animalité.