Bien des artistes d’origine européenne cherchent à travailler avec des artistes africains qui, de leur côté, depuis une dizaine d’années, créent des festivals et des centres où les rencontrer. Mais si les premiers parlent de désenclaver la culture européenne au contact de l’Afrique, les seconds sont fiers de pouvoir faire aussi bien que les premiers.

Comment ramener un noir (ou un lémurien de Madagascar) ?, interroge la toujours aussi directe Marielle Pinsard, dans le titre d’un premier projet* préparant sa création pour 2012, En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ?, autour du sujet « L’Homme et la Bête ».

Incitée par des théâtres producteurs à travailler en Afrique du Sud, et à y rencontrer des artistes pour sa distribution, elle n’était justement pas « à la recherche d’acteurs ou de danseurs qui évoluent dans l’institution et qui voyagent beaucoup à l’étranger. » Car, elle le savait, « dans n’importe quel pays du monde, les comédiens se rassemblent autour d’une structure qui est un théâtre, ce qui leur donne une identité commune, quelle que soit leur origine ».

Mais alors, où rencontrer des artistes alternatifs, forcément réduits au dénuement le plus strict ? Et un étudiant faisant trois boulots en même temps, peut-il jouer ?

Revenant tout juste mi-mai de son second séjour en Afrique du Sud, Marielle Pinsard présente ces Cahiers d’Afrique, où elle relate ses rencontres avec des Sud-Africains, épinglant un post-colonialisme culturel rampant. « La réalité, c’est que nous payons pour faire des spectacles là-bas. C’est l’Europe qui paye pour se produire. Pourquoi ? Pour montrer la culture occidentale ? » C’est une question. Sans compter ce petit pouvoir, les artistes dit alternatifs avec qui nous bossons et bien la plupart n’ont pas vraiment le choix de pouvoir dire non.

*texte écrit en 2010 et joué en 2013 au 2.21 dans un diptyque : Nous qui sommes parti(e)s puis revenu(e)s: Comment ramener un Noir & Las Mananitas ou Les bains Kneipp du soir