Comme des couteaux
Quatre femmes assises. Elles commandent des bières. Il y a de la musique, bien trop fort.
Une jeune femme prend la parole. Rapidement le ton glisse, les mots dérapent : elle livre ses désirs inavouables.
Une autre femme prend alors la parole. Les bières circulent.
La troisième femme intervient, et puis la quatrième.
Les bières circulent. Elles ne se regardent pas, elles ne s’écoutent pas. Chacune à son tour dit son malaise face monde, face à la manipulation qui nous guette de partout, et ceci avant « huit », heure de la fermeture.
Quatre parcours de vie, quatre discours. Un point commun :
- chœur : oui, le monde va mal,/ mais nous aussi on va mal
Ce spectacle a été monté en trois versions différentes.
À la Grange de Dorigny il apparait une première fois à l’interieur d’un spectacle basé sur la juxtaposition de trois formes différentes: des improvisations sur le thème de la femme terroriste dans les années ’70 d’une part, le traitement, onirique, d’un texte de Ulrike Meinhof écrit pendant son enferment en quartier de haute sécurité d’autre part, et enfin le texte Comme des Couteaux, comme prise de position sur le monde d’aujourd’hui.
La deuxième version est celle mise en scène au théâtre Saint-Gervais.
La troisième version se présente comme une lecture – conférence – mise-en espace et a été représentée au théâtre de Mâcon, à l’Espace Montévidéo à Marseille et au Festival de la Cité à Lausanne.
Extrait de texte
F1 :
……
Ma vie est ponctuée de
« bonjour ma petite Solange »
« bonjour ma petite Solange »
curieux non ce qui nous tue
dans la vie
Des dames en blouses chères
Avec de ces phrases de type définitif
« bonjour ma petite Solange »
des êtres dont on croise
l’existence et qui ne font pas
partie de nos rêves d’enfants
Un jour tu vois
en rentrant de Grèce
j’aurai un revolver
dans une poche ou dans une autre
et mon nom dans tous les journaux
elle m’aura eu
avec ces petites phrases
courtes comme un métastase
ses « bonjour ma petite Solange »
qui ne dure que deux secondes en bouche
ah oui tu verras
ça va être du vrai cinéma
avec du plomb et les derniers mot de Madame
Dans un souffle :
« A quel degré de concentration des moyens de production et de diffusion faudra-t-il arriver pour vous faire prendre conscience de la menace stratégique qui pèse sur l’un des biens communs le plus précieux de l’humanité : le droit ma petite Solange à une identité culturelle différenciée ? »
ou
« ma pauvre petite Solange mon mari ne vous aime pas
c’est ridicule… »
puis sa tête roulera de côté
comme le Jésus sur la croix
La tête qui roule d’une nana
en chemise chère
qui a rempli toute
sa vie des bulletins de versements pour
des associations caritatives
sa tête de juste chrétienne roulera de côté
et
et
……
……
……
F3 :
……
C’est que
actuellement
je hais ma salle de bains
j’ai la désagréable impression
que
ma crème de jour
et ses dérivées
j’ai la sensation furtive
enfin je dirai
j’ai une impression
étrange
comme un
silence suspect
Oui
l’impression que
ma salle d’eau se tait
que ma crème de jour
m’épie
me juge
celle-là
que ça disait
« ma crème c’est tout moi »
celle-là
que ça dit
« j’achète comme je suis »
et bien ma crème me hait
et dans ma glace
chaque matin
je vois mon visage se succéder
à lui-même
se stratifiant de couche de crème
qui lui glisse dessus
……
……
F2 S’ADRESSE A F1
F2 :
pardonnez-moi
comme vous m’avez coupée
tout à l’heure
je me permets
si on veut toujours bouger
les choses
bien sûr
ELLE S’ADRESSE A F3
F2:
tout à l’heure vous n’étiez
pas bien
mais c’est plein de choses
qui font la gueule
par exemple si on
peut dire
et à tout le monde d’ailleurs
les rapports c’est politique
c’est politique avec les gens
ELLE MONTE SUR LE PROCENIUM
F2 :
un deux un deux
1966
Meinhoff dit…
La politique, c’est la mise en évidence des rapports de pouvoir, des rapports de propriété, des rapports de violence.
Les affaires privées sont éminemment politiques
L’éducation des enfants est politique.
Le rapport entre les gens est politique ; il montre si les gens sont opprimés ou libres, s’ils peuvent comprendre une idée, s’ils peuvent agir ou non.
Moi-même je suis une femme
une femme des femmes quoi
vous aussi et ainsi
c’est plein de femmes et bien…
C’est difficile, très difficile…. C’est difficile.
Le problème de toute femme qui travaille politiquement, le mien y compris,
Vous avez vu mes enfants
ils sont jolis hein
un deux un deux
C’est que d’une part, elle travaille pour la société, elle a des idées, sait parler, écrire, agir, et que d’autre part, elle est aussi désarmée avec ses enfants que les autres femmes. Beaucoup d’entre nous avons dans notre famille les mêmes difficultés que les autres femmes
Cette bière ça vient ?
H :
Oui, certainement.
F2 :
la principale oppression de la femme, c’est qu’on met en contradiction sa vie privée et sa vie politique. On peut dire inversement que si un travail politique n’est pas lié à sa vie privée, il ne pourra pas aboutir. Si on défend une politique autoritaire, on ne bat pas ses enfants ; on ne peut pas non plus ne pas battre ses enfants sans dire que ce soit politique. On ne peut supprimer les rapports de compétitivité familiaux sans vouloir supprimer aussi, hors de la famille, les autres rapports de compétitivité.
F1 :
mais oui
Vous savez
c’est ce garçon qui porte toujours de Reef
avec des chemises croco
F4 :
celui qui a dit hier
je viens après minuit
car j’ai une fête intelligente où on fait semblant de s’amuser
F 2 :
c’est dommage
ça, hein
c’est dommage ce texte sur l’éducation
y’avait pas la fin
c’est
F3 :
faut que j’y retourne
F4 :
oh la oh lala
TOUT LE MONDE S’EN VA (EN ENFILANT QUELQUE CHOSE UNE VESTE
OU UN COSTUME) SUR LE CERCLE EXTERIEUR
POUR « PARDON PARDON »
PUIS RETOUR DANS LE CERCLE INTERIEUR
……
……
F4 :
vous avez entendu les dernières nouvelles
TOUTES EN CHŒUR : non quoi
F4 :
le monde va mal
TOUTES EN CHŒUR : oui le monde va mal mais nous aussi on va mal
F3 :
les choses qui vont mal vont MAL trop vite
H :
je vous rappelle qu’on ferme à vuith’ (huit heures)
……
……
F4 :
……
« payez-vous un monde idéal »
un monde idéal
ce MIKADO qu’on va mettre l’un sur l’autre
je n’ai pas commandé
des choses
en équilibre
l’une sur l’autre
Quelqu’un oublie de me demander
mon avis
Je vais à la manif
et je leur crierai à la gueule
« Et les petites vieilles alors ? »
Je vais lancer des trucs qui cassent
mettre mon corps dans un angle dangereux
avertir les décisions
que je ne suis pas d’accord qu’on me formate
que l’on me fasse dessus
une plate-forme
de structure de données
J’ai très bien vu oui parfaitement
de mes propres yeux grands ouverts
manigance
J’AI saisi parfaitement je veux dire de façon
absolue
de façon aussi certaine que je peux
affirmer que un et trois
font quatre
ce qui se passe
là ici tout près
PAUSE
F4 :
Tiens il pleut
SILENCE
F4 :
bon il pleut
c’est pas dit que
j’aille à la manif
je crierai depuis ici
« non à la manipulation et à la mondialisation »
LE CHŒUR REPREND : oui, non aux petites vieilles et à la mondialisation »
F4 :
de toute façon si il pleut
je connais pleins de gens qui vont
à la manif
ils seront cinquante et cinquante
à crier
des slogans
ELLE DIT DES SLOGANS
LE CHŒUR REPREND LES SLOGANS
F5 SE RENVERSE DE LA BIERE SUR LA ROBE
F5 :
merde
LE CHŒUR REPETE : merde
F5 :
putain ma robe
LE CHŒUR REPETE :
putain ma robe
putain ma robe
putain ma robe
……
……
H :
avoir la banane
avoir la banane
tu vois
la banane en pleine gueule
la banane à tout
coin de champ
la face réjouis du samedi soir
la banane mon cher ami
ça me donne envie de me tuer
faut sans cesse
être content
veux pas prendre perpét pour la fête perpétuelle
être
un tôlard de la
banane éternelle
j’ai pas envie
de vous sourire
suis un fainéant
pas un triste
laissez-nous la fainéantise
le monde fainéant
époque de latence
on y reviendra
c’est pas la fin de
l’histoire
j’ai envie que ça change pour que ça ne change pas
j’ai pas de vocation de héros
je suis un consubstantiel à l’Etat
UN PETIT TEMPS
H :
sans la banane
UN PETIT TEMPS
H :
d’ailleurs
dans le fond ou comme ça
j’aime bien les riches
le pauvre il veut être riche
alors que le riche
lui
il a rien à gagner ou à perdre
il navigue à l’instinct
ils quittent leurs femmes
ils se font des putes
ils payent pour se faire pisser sur la gueule
ARRIVE LE VENDEUR DE ROSES
……
……
Distribution
Distribution Festival de la Cité
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Frédérique Vidal
Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Espace Montévideo
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Frédérique Vidal
Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Le Théâtre, Scène Nationale de Mâcon
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Décor et lumières : Frédérique Vidal assistée de Denis Faure
Jeu : Valeria Bertolotto, Françoise Boillat, Stéphanie Delcart, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Imbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Théâtre Saint-Gervais
Mise en scène : Marielle Pinsard
Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni
Jeu : Julie Cloux , Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Pierre Spuhler, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)
Décor : Serge Perret
Son : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Catherine Brevers
Costumes : Julie-Chloé
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Grange de Dorigny
Mise en scène : Marielle Pinsard
Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni
Jeu : Julie Cloux, Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Dorian Rossel, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)
Recherche : Anne-Maud Meyer
Décor : Serge Perret
Son : Aurélien Chouzenoux
Costumes : Sylvia Gabrielle Marton
Masques : Isabelle Fournier
Prêt-à-porter : Nuit Blanche
Flyer : Clara Batllori
Administration : Ivan Pittalis
Audio
Entrée public
1ère pause
2ème pause
3ème pause
Ponctuations
Solos
Fuites
Curcio
Beauté
Rabia
© Aurélien Chouzenoux
Dates
Théâtre le Poche, Bruxelles
juin 2004 – collaboration
Festival de la Cité, Lausanne
du 4 au 12 juillet 2003
Espace Montévideo, Marseille,
le 1er juillet 2003
Théâtre Scène Nationale de Mâcon,
du 3 au 5 octobre 2002
Théâtre Saint-Gervais, Genève
du 20 novembre au 2 décembre 2001
La Grange de Dorigny, Lausanne
du 9 au 21 janvier 2001
Distributuion
Distribution Festival de la Cité
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Frédérique Vidal
Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Espace Montévideo
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Frédérique Vidal
Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Le Théâtre, Scène Nationale de Mâcon
Mise en scène : Marielle Pinsard
Musique : Aurélien Chouzenoux
Décor et lumières : Frédérique Vidal assistée de Denis Faure
Jeu : Valeria Bertolotto, Françoise Boillat, Stéphanie Delcart, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Imbal Yalon
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Théâtre Saint-Gervais
Mise en scène : Marielle Pinsard
Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni
Jeu : Julie Cloux , Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Pierre Spuhler, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)
Décor : Serge Perret
Son : Aurélien Chouzenoux
Lumières : Catherine Brevers
Costumes : Julie-Chloé
Administration : Ivan Pittalis
Distribution Grange de Dorigny
Mise en scène : Marielle Pinsard
Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni
Jeu : Julie Cloux, Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Dorian Rossel, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)
Recherche : Anne-Maud Meyer
Décor : Serge Perret
Son : Aurélien Chouzenoux
Costumes : Sylvia Gabrielle Marton
Masques : Isabelle Fournier
Prêt-à-porter : Nuit Blanche
Flyer : Clara Batllori
Administration : Ivan Pittalis
Audio
Entrée public
1ère pause
2ème pause
3ème pause
Ponctuations
Solos
Fuites
Curcio
Beauté
Rabia
© Aurélien Chouzenoux
Dates
Théâtre le Poche, Bruxelles
juin 2004 – collaboration
Festival de la Cité, Lausanne
du 4 au 12 juillet 2003
Espace Montévideo, Marseille,
le 1er juillet 2003
Théâtre Scène Nationale de Mâcon,
du 3 au 5 octobre 2002
Théâtre Saint-Gervais, Genève
du 20 novembre au 2 décembre 2001
La Grange de Dorigny, Lausanne
du 9 au 21 janvier 2001
Presse
24 Heures, jeudi 11 janvier 2001
Le Courrier, jeudi 22 novembre 2001
Tribune de Genève, samedi 24 novembre 2001
24 Heures, jeudi 11 janvier 2001
Le Courrier, jeudi 22 novembre 2001
Tribune de Genève, samedi 24 novembre 2001
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Extrait de texte
F1 :
……
Ma vie est ponctuée de
« bonjour ma petite Solange »
« bonjour ma petite Solange »
curieux non ce qui nous tue
dans la vie
Des dames en blouses chères
Avec de ces phrases de type définitif
« bonjour ma petite Solange »
des êtres dont on croise
l’existence et qui ne font pas
partie de nos rêves d’enfants
Un jour tu vois
en rentrant de Grèce
j’aurai un revolver
dans une poche ou dans une autre
et mon nom dans tous les journaux
elle m’aura eu
avec ces petites phrases
courtes comme un métastase
ses « bonjour ma petite Solange »
qui ne dure que deux secondes en bouche
ah oui tu verras
ça va être du vrai cinéma
avec du plomb et les derniers mot de Madame
Dans un souffle :
« A quel degré de concentration des moyens de production et de diffusion faudra-t-il arriver pour vous faire prendre conscience de la menace stratégique qui pèse sur l’un des biens communs le plus précieux de l’humanité : le droit ma petite Solange à une identité culturelle différenciée ? »
ou
« ma pauvre petite Solange mon mari ne vous aime pas
c’est ridicule… »
puis sa tête roulera de côté
comme le Jésus sur la croix
La tête qui roule d’une nana
en chemise chère
qui a rempli toute
sa vie des bulletins de versements pour
des associations caritatives
sa tête de juste chrétienne roulera de côté
et
et
……
……
……
F3 :
……
C’est que
actuellement
je hais ma salle de bains
j’ai la désagréable impression
que
ma crème de jour
et ses dérivées
j’ai la sensation furtive
enfin je dirai
j’ai une impression
étrange
comme un
silence suspect
Oui
l’impression que
ma salle d’eau se tait
que ma crème de jour
m’épie
me juge
celle-là
que ça disait
« ma crème c’est tout moi »
celle-là
que ça dit
« j’achète comme je suis »
et bien ma crème me hait
et dans ma glace
chaque matin
je vois mon visage se succéder
à lui-même
se stratifiant de couche de crème
qui lui glisse dessus
……
……
F2 S’ADRESSE A F1
F2 :
pardonnez-moi
comme vous m’avez coupée
tout à l’heure
je me permets
si on veut toujours bouger
les choses
bien sûr
ELLE S’ADRESSE A F3
F2:
tout à l’heure vous n’étiez
pas bien
mais c’est plein de choses
qui font la gueule
par exemple si on
peut dire
et à tout le monde d’ailleurs
les rapports c’est politique
c’est politique avec les gens
ELLE MONTE SUR LE PROCENIUM
F2 :
un deux un deux
1966
Meinhoff dit…
La politique, c’est la mise en évidence des rapports de pouvoir, des rapports de propriété, des rapports de violence.
Les affaires privées sont éminemment politiques
L’éducation des enfants est politique.
Le rapport entre les gens est politique ; il montre si les gens sont opprimés ou libres, s’ils peuvent comprendre une idée, s’ils peuvent agir ou non.
Moi-même je suis une femme
une femme des femmes quoi
vous aussi et ainsi
c’est plein de femmes et bien…
C’est difficile, très difficile…. C’est difficile.
Le problème de toute femme qui travaille politiquement, le mien y compris,
Vous avez vu mes enfants
ils sont jolis hein
un deux un deux
C’est que d’une part, elle travaille pour la société, elle a des idées, sait parler, écrire, agir, et que d’autre part, elle est aussi désarmée avec ses enfants que les autres femmes. Beaucoup d’entre nous avons dans notre famille les mêmes difficultés que les autres femmes
Cette bière ça vient ?
H :
Oui, certainement.
F2 :
la principale oppression de la femme, c’est qu’on met en contradiction sa vie privée et sa vie politique. On peut dire inversement que si un travail politique n’est pas lié à sa vie privée, il ne pourra pas aboutir. Si on défend une politique autoritaire, on ne bat pas ses enfants ; on ne peut pas non plus ne pas battre ses enfants sans dire que ce soit politique. On ne peut supprimer les rapports de compétitivité familiaux sans vouloir supprimer aussi, hors de la famille, les autres rapports de compétitivité.
F1 :
mais oui
Vous savez
c’est ce garçon qui porte toujours de Reef
avec des chemises croco
F4 :
celui qui a dit hier
je viens après minuit
car j’ai une fête intelligente où on fait semblant de s’amuser
F 2 :
c’est dommage
ça, hein
c’est dommage ce texte sur l’éducation
y’avait pas la fin
c’est
F3 :
faut que j’y retourne
F4 :
oh la oh lala
TOUT LE MONDE S’EN VA (EN ENFILANT QUELQUE CHOSE UNE VESTE
OU UN COSTUME) SUR LE CERCLE EXTERIEUR
POUR « PARDON PARDON »
PUIS RETOUR DANS LE CERCLE INTERIEUR
……
……
F4 :
vous avez entendu les dernières nouvelles
TOUTES EN CHŒUR : non quoi
F4 :
le monde va mal
TOUTES EN CHŒUR : oui le monde va mal mais nous aussi on va mal
F3 :
les choses qui vont mal vont MAL trop vite
H :
je vous rappelle qu’on ferme à vuith’ (huit heures)
……
……
F4 :
……
« payez-vous un monde idéal »
un monde idéal
ce MIKADO qu’on va mettre l’un sur l’autre
je n’ai pas commandé
des choses
en équilibre
l’une sur l’autre
Quelqu’un oublie de me demander
mon avis
Je vais à la manif
et je leur crierai à la gueule
« Et les petites vieilles alors ? »
Je vais lancer des trucs qui cassent
mettre mon corps dans un angle dangereux
avertir les décisions
que je ne suis pas d’accord qu’on me formate
que l’on me fasse dessus
une plate-forme
de structure de données
J’ai très bien vu oui parfaitement
de mes propres yeux grands ouverts
manigance
J’AI saisi parfaitement je veux dire de façon
absolue
de façon aussi certaine que je peux
affirmer que un et trois
font quatre
ce qui se passe
là ici tout près
PAUSE
F4 :
Tiens il pleut
SILENCE
F4 :
bon il pleut
c’est pas dit que
j’aille à la manif
je crierai depuis ici
« non à la manipulation et à la mondialisation »
LE CHŒUR REPREND : oui, non aux petites vieilles et à la mondialisation »
F4 :
de toute façon si il pleut
je connais pleins de gens qui vont
à la manif
ils seront cinquante et cinquante
à crier
des slogans
ELLE DIT DES SLOGANS
LE CHŒUR REPREND LES SLOGANS
F5 SE RENVERSE DE LA BIERE SUR LA ROBE
F5 :
merde
LE CHŒUR REPETE : merde
F5 :
putain ma robe
LE CHŒUR REPETE :
putain ma robe
putain ma robe
putain ma robe
……
……
H :
avoir la banane
avoir la banane
tu vois
la banane en pleine gueule
la banane à tout
coin de champ
la face réjouis du samedi soir
la banane mon cher ami
ça me donne envie de me tuer
faut sans cesse
être content
veux pas prendre perpét pour la fête perpétuelle
être
un tôlard de la
banane éternelle
j’ai pas envie
de vous sourire
suis un fainéant
pas un triste
laissez-nous la fainéantise
le monde fainéant
époque de latence
on y reviendra
c’est pas la fin de
l’histoire
j’ai envie que ça change pour que ça ne change pas
j’ai pas de vocation de héros
je suis un consubstantiel à l’Etat
UN PETIT TEMPS
H :
sans la banane
UN PETIT TEMPS
H :
d’ailleurs
dans le fond ou comme ça
j’aime bien les riches
le pauvre il veut être riche
alors que le riche
lui
il a rien à gagner ou à perdre
il navigue à l’instinct
ils quittent leurs femmes
ils se font des putes
ils payent pour se faire pisser sur la gueule
ARRIVE LE VENDEUR DE ROSES
……
……