Comme Des Couteaux

Comme des couteaux

Comme des couteaux

Quatre femmes assises. Elles commandent des bières. Il y a de la musique, bien trop fort.

 

Une jeune femme prend la parole. Rapidement le ton glisse, les mots dérapent : elle livre ses désirs inavouables.

 

Une autre femme prend alors la parole. Les bières circulent.

 

La troisième femme intervient, et puis la quatrième.

 

Les bières circulent. Elles ne se regardent pas, elles ne s’écoutent pas. Chacune à son tour dit son malaise face monde, face à la manipulation qui nous guette de partout, et ceci avant « huit », heure de la fermeture.

 

Quatre parcours de vie, quatre discours. Un point commun :

  • chœur : oui, le monde va mal,/ mais nous aussi on va mal

 

Ce spectacle a été monté en trois versions différentes.

 

À la Grange de Dorigny il apparait une première fois à l’interieur d’un spectacle basé sur la juxtaposition de trois formes différentes: des improvisations sur le thème de la femme terroriste dans les années ’70 d’une part, le traitement, onirique, d’un texte de Ulrike Meinhof écrit pendant son enferment en quartier de haute sécurité d’autre part, et enfin le texte Comme des Couteaux, comme prise de position sur le monde d’aujourd’hui.

 

La deuxième version est celle mise en scène au théâtre Saint-Gervais.

 

La troisième version se présente comme une lecture – conférence – mise-en espace et a été représentée au théâtre de Mâcon, à l’Espace Montévidéo à Marseille et au Festival de la Cité à Lausanne.

https://vimeo.com/216674736

https://vimeo.com/51589652

Extrait de texte

F1 :

……

Ma vie est ponctuée de

« bonjour ma petite Solange »

« bonjour ma petite Solange »

curieux non ce qui nous tue

dans la vie

Des dames en blouses chères

Avec de ces phrases de type définitif

« bonjour ma petite Solange »

des êtres dont on croise

l’existence et qui ne font pas

partie de nos rêves d’enfants

 

Un jour tu vois

en rentrant de Grèce

j’aurai un revolver

dans une poche ou dans une autre

et mon nom dans tous les journaux

elle m’aura eu

avec ces petites phrases

courtes comme un métastase

ses « bonjour ma petite Solange »

qui ne dure que deux secondes en bouche

ah oui tu verras

ça va être du vrai cinéma

avec du plomb et les derniers mot de Madame

Dans un souffle :

« A quel degré de concentration des moyens de production et de diffusion faudra-t-il arriver pour vous faire prendre conscience de la menace stratégique qui pèse sur l’un des biens communs le plus précieux de l’humanité : le droit ma petite Solange à une identité culturelle différenciée ? »

ou

« ma pauvre petite Solange mon mari ne vous aime pas

c’est ridicule… »

puis sa tête roulera de côté

comme le Jésus sur la croix

La tête qui roule d’une nana

en chemise chère

qui a rempli toute

sa vie des bulletins de versements pour

des associations caritatives

sa tête de juste chrétienne roulera de côté

et

et

……

……

……

F3 :

……

C’est que

actuellement

je hais ma salle de bains

j’ai la désagréable impression

que

ma crème de jour

et ses dérivées

j’ai la sensation furtive

enfin je dirai

j’ai une impression

étrange

comme un

silence suspect

Oui

l’impression que

ma salle d’eau se tait

que ma crème de jour

m’épie

me juge

celle-là

que ça disait

« ma crème c’est tout moi »

celle-là

que ça dit

« j’achète comme je suis »

et bien ma crème me hait

et dans ma glace

chaque matin

je vois mon visage se succéder

à lui-même

se stratifiant de couche de crème

qui lui glisse dessus

……

……

 

F2 S’ADRESSE A F1

 

F2 :

pardonnez-moi

comme vous m’avez coupée

tout à l’heure

je me permets

si on veut toujours bouger

les choses

bien sûr

 

ELLE S’ADRESSE A F3

 

F2:

tout à l’heure vous n’étiez

pas bien

mais c’est plein de choses

qui font la gueule

par exemple si on

peut dire

et à tout le monde d’ailleurs

les rapports c’est politique

c’est politique avec les gens

ELLE MONTE SUR LE PROCENIUM

F2 :

un deux un deux

1966

Meinhoff dit…

La politique, c’est la mise en évidence des rapports de pouvoir, des rapports de propriété, des rapports de violence.

Les affaires privées sont éminemment politiques

L’éducation des enfants est politique.

Le rapport entre les gens est politique ; il montre si les gens sont opprimés ou libres, s’ils peuvent comprendre une idée, s’ils peuvent agir ou non.

Moi-même je suis une femme

une femme des femmes quoi

vous aussi et ainsi

c’est plein de femmes et bien…

C’est difficile, très difficile…. C’est difficile.

Le problème de toute femme qui travaille politiquement, le mien y compris,

Vous avez vu mes enfants

ils sont jolis hein

un deux un deux

C’est que d’une part, elle travaille pour la société, elle a des idées, sait parler, écrire, agir, et que d’autre part, elle est aussi désarmée avec ses enfants que les autres femmes. Beaucoup d’entre nous avons dans notre famille les mêmes difficultés que les autres femmes

Cette bière ça vient ?

H :

Oui, certainement.

F2 :

la principale oppression de la femme, c’est qu’on met en contradiction sa vie privée et sa vie politique. On peut dire inversement que si un travail politique n’est pas lié à sa vie privée, il ne pourra pas aboutir. Si on défend une politique autoritaire, on ne bat pas ses enfants ; on ne peut pas non plus ne pas battre ses enfants sans dire que ce soit politique. On ne peut supprimer les rapports de compétitivité familiaux sans vouloir supprimer aussi, hors de la famille, les autres rapports de compétitivité.

F1 :

mais oui

Vous savez

c’est ce garçon qui porte toujours de Reef

avec des chemises croco

F4 :

celui qui a dit hier

je viens après minuit

car j’ai une fête intelligente où on fait semblant de s’amuser

F 2 :

c’est dommage

ça, hein

c’est dommage ce texte sur l’éducation

y’avait pas la fin

c’est

F3 :

faut que j’y retourne

F4 :

oh la oh lala

 

TOUT LE MONDE S’EN VA (EN ENFILANT QUELQUE CHOSE UNE VESTE

OU UN COSTUME) SUR LE CERCLE EXTERIEUR

POUR « PARDON PARDON »

PUIS RETOUR DANS LE CERCLE INTERIEUR

……

……

F4 :

vous avez entendu les dernières nouvelles

 

TOUTES EN CHŒUR : non quoi

 

F4 :

le monde va mal

 

TOUTES EN CHŒUR : oui le monde va mal mais nous aussi on va mal

 

F3 :

les choses qui vont mal vont MAL trop vite

H :

je vous rappelle qu’on ferme à vuith’ (huit heures)

……

……

F4 :

……

« payez-vous un monde idéal »

un monde idéal

ce MIKADO qu’on va mettre l’un sur l’autre

je n’ai pas commandé

des choses

en équilibre

l’une sur l’autre

Quelqu’un oublie de me demander

mon avis

Je vais à la manif

et je leur crierai à la gueule

« Et les petites vieilles alors ? »

Je vais lancer des trucs qui cassent

mettre mon corps dans un angle dangereux

avertir les décisions

que je ne suis pas d’accord qu’on me formate

que l’on me fasse dessus

une plate-forme

de structure de données

J’ai très bien vu oui parfaitement

de mes propres yeux grands ouverts

manigance

J’AI saisi parfaitement je veux dire de façon

absolue

de façon aussi certaine que je peux

affirmer que un et trois

font quatre

ce qui se passe

là ici tout près

 

PAUSE

 

F4 :

Tiens il pleut

 

SILENCE

 

F4 :

bon il pleut

c’est pas dit que

j’aille à la manif

je crierai depuis ici

« non à la manipulation et à la mondialisation »

 

LE CHŒUR REPREND : oui, non aux petites vieilles et à la mondialisation »

 

F4 :

de toute façon si il pleut

je connais pleins de gens qui vont

à la manif

ils seront cinquante et cinquante

à crier

des slogans

 

ELLE DIT DES SLOGANS

LE CHŒUR REPREND LES SLOGANS

F5 SE RENVERSE DE LA BIERE SUR LA ROBE

 

F5 :

merde

 

LE CHŒUR REPETE : merde

 

F5 :

putain ma robe

 

LE CHŒUR REPETE :

putain ma robe

putain ma robe

putain ma robe

……

……

H :

avoir la banane

avoir la banane

tu vois

la banane en pleine gueule

la banane à tout

coin de champ

la face réjouis du samedi soir

la banane mon cher ami

ça me donne envie de me tuer

faut sans cesse

être content

veux pas prendre perpét pour la fête perpétuelle

être

un tôlard de la

banane éternelle

j’ai pas envie

de vous sourire

suis un fainéant

pas un triste

laissez-nous la fainéantise

le monde fainéant

époque de latence

on y reviendra

c’est pas la fin de

l’histoire

j’ai envie que ça change pour que ça ne change pas

j’ai pas de vocation de héros

je suis un consubstantiel à l’Etat

UN PETIT TEMPS

H :

sans la banane

 

UN PETIT TEMPS

 

H :

d’ailleurs

dans le fond ou comme ça

j’aime bien les riches

le pauvre il veut être riche

alors que le riche

lui

il a rien à gagner ou à perdre

il navigue à l’instinct

ils quittent leurs femmes

ils se font des putes

ils payent pour se faire pisser sur la gueule

 

ARRIVE LE VENDEUR DE ROSES

……

……

© Steve Juncker

Distribution

Distribution Festival de la Cité

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Frédérique Vidal

Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Espace Montévideo

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Frédérique Vidal

Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Le Théâtre, Scène Nationale de Mâcon

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Décor et lumières : Frédérique Vidal assistée de Denis Faure

Jeu : Valeria Bertolotto, Françoise Boillat, Stéphanie Delcart, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Imbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Théâtre Saint-Gervais

Mise en scène : Marielle Pinsard

Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni

Jeu : Julie Cloux , Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Pierre Spuhler, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)

Décor : Serge Perret

Son : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Catherine Brevers

Costumes : Julie-Chloé

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Grange de Dorigny

Mise en scène : Marielle Pinsard

Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni

Jeu : Julie Cloux, Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Dorian Rossel, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)

Recherche : Anne-Maud Meyer

Décor :  Serge Perret

Son : Aurélien Chouzenoux

Costumes :  Sylvia Gabrielle Marton

Masques : Isabelle Fournier

Prêt-à-porter : Nuit Blanche

Flyer : Clara Batllori

Administration : Ivan Pittalis

 

Audio

Entrée public

1ère pause

2ème pause

3ème pause

Ponctuations

Solos

Fuites

Curcio

Beauté

Rabia

© Aurélien Chouzenoux

Dates

Théâtre le Poche, Bruxelles
juin 2004 – collaboration

Festival de la Cité, Lausanne

du 4 au 12 juillet 2003

Espace Montévideo, Marseille,

le 1er juillet 2003

Théâtre Scène Nationale de Mâcon,

du 3 au 5 octobre 2002

Théâtre Saint-Gervais, Genève

du 20 novembre au 2 décembre 2001

La Grange de Dorigny, Lausanne

du 9 au 21 janvier 2001

Distributuion

Distribution Festival de la Cité

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Frédérique Vidal

Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Espace Montévideo

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Frédérique Vidal

Jeu : Françoise Boillat, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Anne Frédérique Rochat, Catherine Salée, Inbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Le Théâtre, Scène Nationale de Mâcon

Mise en scène : Marielle Pinsard

Musique : Aurélien Chouzenoux

Décor et lumières : Frédérique Vidal assistée de Denis Faure

Jeu : Valeria Bertolotto, Françoise Boillat, Stéphanie Delcart, Géraldine Frippiat, Emmanuel Moser, Imbal Yalon

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Théâtre Saint-Gervais

Mise en scène : Marielle Pinsard

Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni

Jeu : Julie Cloux , Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Pierre Spuhler, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)

Décor : Serge Perret

Son : Aurélien Chouzenoux

Lumières : Catherine Brevers

Costumes : Julie-Chloé

Administration : Ivan Pittalis

 

Distribution Grange de Dorigny

Mise en scène : Marielle Pinsard

Assistante à la mise en scène : Cristina Martinoni

Jeu : Julie Cloux, Anne-Rachel Gattegno, Christian Geoffroy, Anne-Maud Meyer, Dorian Rossel, Anne-Frédérique Volral (L’Arlov)

Recherche : Anne-Maud Meyer

Décor :  Serge Perret

Son : Aurélien Chouzenoux

Costumes :  Sylvia Gabrielle Marton

Masques : Isabelle Fournier

Prêt-à-porter : Nuit Blanche

Flyer : Clara Batllori

Administration : Ivan Pittalis

 

Audio

Entrée public

1ère pause

2ème pause

3ème pause

Ponctuations

Solos

Fuites

Curcio

Beauté

Rabia

© Aurélien Chouzenoux

Dates

Théâtre le Poche, Bruxelles
juin 2004 – collaboration

Festival de la Cité, Lausanne

du 4 au 12 juillet 2003

Espace Montévideo, Marseille,

le 1er juillet 2003

Théâtre Scène Nationale de Mâcon,

du 3 au 5 octobre 2002

Théâtre Saint-Gervais, Genève

du 20 novembre au 2 décembre 2001

La Grange de Dorigny, Lausanne

du 9 au 21 janvier 2001

Presse

24 Heures, jeudi 11 janvier 2001

Le Courrier, jeudi 22 novembre 2001

Tribune de Genève, samedi 24 novembre 2001


Comme des couteaux

Extrait de texte

F1 :

……

Ma vie est ponctuée de

« bonjour ma petite Solange »

« bonjour ma petite Solange »

curieux non ce qui nous tue

dans la vie

Des dames en blouses chères

Avec de ces phrases de type définitif

« bonjour ma petite Solange »

des êtres dont on croise

l’existence et qui ne font pas

partie de nos rêves d’enfants

 

Un jour tu vois

en rentrant de Grèce

j’aurai un revolver

dans une poche ou dans une autre

et mon nom dans tous les journaux

elle m’aura eu

avec ces petites phrases

courtes comme un métastase

ses « bonjour ma petite Solange »

qui ne dure que deux secondes en bouche

ah oui tu verras

ça va être du vrai cinéma

avec du plomb et les derniers mot de Madame

Dans un souffle :

« A quel degré de concentration des moyens de production et de diffusion faudra-t-il arriver pour vous faire prendre conscience de la menace stratégique qui pèse sur l’un des biens communs le plus précieux de l’humanité : le droit ma petite Solange à une identité culturelle différenciée ? »

ou

« ma pauvre petite Solange mon mari ne vous aime pas

c’est ridicule… »

puis sa tête roulera de côté

comme le Jésus sur la croix

La tête qui roule d’une nana

en chemise chère

qui a rempli toute

sa vie des bulletins de versements pour

des associations caritatives

sa tête de juste chrétienne roulera de côté

et

et

……

……

……

F3 :

……

C’est que

actuellement

je hais ma salle de bains

j’ai la désagréable impression

que

ma crème de jour

et ses dérivées

j’ai la sensation furtive

enfin je dirai

j’ai une impression

étrange

comme un

silence suspect

Oui

l’impression que

ma salle d’eau se tait

que ma crème de jour

m’épie

me juge

celle-là

que ça disait

« ma crème c’est tout moi »

celle-là

que ça dit

« j’achète comme je suis »

et bien ma crème me hait

et dans ma glace

chaque matin

je vois mon visage se succéder

à lui-même

se stratifiant de couche de crème

qui lui glisse dessus

……

……

 

F2 S’ADRESSE A F1

 

F2 :

pardonnez-moi

comme vous m’avez coupée

tout à l’heure

je me permets

si on veut toujours bouger

les choses

bien sûr

 

ELLE S’ADRESSE A F3

 

F2:

tout à l’heure vous n’étiez

pas bien

mais c’est plein de choses

qui font la gueule

par exemple si on

peut dire

et à tout le monde d’ailleurs

les rapports c’est politique

c’est politique avec les gens

ELLE MONTE SUR LE PROCENIUM

F2 :

un deux un deux

1966

Meinhoff dit…

La politique, c’est la mise en évidence des rapports de pouvoir, des rapports de propriété, des rapports de violence.

Les affaires privées sont éminemment politiques

L’éducation des enfants est politique.

Le rapport entre les gens est politique ; il montre si les gens sont opprimés ou libres, s’ils peuvent comprendre une idée, s’ils peuvent agir ou non.

Moi-même je suis une femme

une femme des femmes quoi

vous aussi et ainsi

c’est plein de femmes et bien…

C’est difficile, très difficile…. C’est difficile.

Le problème de toute femme qui travaille politiquement, le mien y compris,

Vous avez vu mes enfants

ils sont jolis hein

un deux un deux

C’est que d’une part, elle travaille pour la société, elle a des idées, sait parler, écrire, agir, et que d’autre part, elle est aussi désarmée avec ses enfants que les autres femmes. Beaucoup d’entre nous avons dans notre famille les mêmes difficultés que les autres femmes

Cette bière ça vient ?

H :

Oui, certainement.

F2 :

la principale oppression de la femme, c’est qu’on met en contradiction sa vie privée et sa vie politique. On peut dire inversement que si un travail politique n’est pas lié à sa vie privée, il ne pourra pas aboutir. Si on défend une politique autoritaire, on ne bat pas ses enfants ; on ne peut pas non plus ne pas battre ses enfants sans dire que ce soit politique. On ne peut supprimer les rapports de compétitivité familiaux sans vouloir supprimer aussi, hors de la famille, les autres rapports de compétitivité.

F1 :

mais oui

Vous savez

c’est ce garçon qui porte toujours de Reef

avec des chemises croco

F4 :

celui qui a dit hier

je viens après minuit

car j’ai une fête intelligente où on fait semblant de s’amuser

F 2 :

c’est dommage

ça, hein

c’est dommage ce texte sur l’éducation

y’avait pas la fin

c’est

F3 :

faut que j’y retourne

F4 :

oh la oh lala

 

TOUT LE MONDE S’EN VA (EN ENFILANT QUELQUE CHOSE UNE VESTE

OU UN COSTUME) SUR LE CERCLE EXTERIEUR

POUR « PARDON PARDON »

PUIS RETOUR DANS LE CERCLE INTERIEUR

……

……

F4 :

vous avez entendu les dernières nouvelles

 

TOUTES EN CHŒUR : non quoi

 

F4 :

le monde va mal

 

TOUTES EN CHŒUR : oui le monde va mal mais nous aussi on va mal

 

F3 :

les choses qui vont mal vont MAL trop vite

H :

je vous rappelle qu’on ferme à vuith’ (huit heures)

……

……

F4 :

……

« payez-vous un monde idéal »

un monde idéal

ce MIKADO qu’on va mettre l’un sur l’autre

je n’ai pas commandé

des choses

en équilibre

l’une sur l’autre

Quelqu’un oublie de me demander

mon avis

Je vais à la manif

et je leur crierai à la gueule

« Et les petites vieilles alors ? »

Je vais lancer des trucs qui cassent

mettre mon corps dans un angle dangereux

avertir les décisions

que je ne suis pas d’accord qu’on me formate

que l’on me fasse dessus

une plate-forme

de structure de données

J’ai très bien vu oui parfaitement

de mes propres yeux grands ouverts

manigance

J’AI saisi parfaitement je veux dire de façon

absolue

de façon aussi certaine que je peux

affirmer que un et trois

font quatre

ce qui se passe

là ici tout près

 

PAUSE

 

F4 :

Tiens il pleut

 

SILENCE

 

F4 :

bon il pleut

c’est pas dit que

j’aille à la manif

je crierai depuis ici

« non à la manipulation et à la mondialisation »

 

LE CHŒUR REPREND : oui, non aux petites vieilles et à la mondialisation »

 

F4 :

de toute façon si il pleut

je connais pleins de gens qui vont

à la manif

ils seront cinquante et cinquante

à crier

des slogans

 

ELLE DIT DES SLOGANS

LE CHŒUR REPREND LES SLOGANS

F5 SE RENVERSE DE LA BIERE SUR LA ROBE

 

F5 :

merde

 

LE CHŒUR REPETE : merde

 

F5 :

putain ma robe

 

LE CHŒUR REPETE :

putain ma robe

putain ma robe

putain ma robe

……

……

H :

avoir la banane

avoir la banane

tu vois

la banane en pleine gueule

la banane à tout

coin de champ

la face réjouis du samedi soir

la banane mon cher ami

ça me donne envie de me tuer

faut sans cesse

être content

veux pas prendre perpét pour la fête perpétuelle

être

un tôlard de la

banane éternelle

j’ai pas envie

de vous sourire

suis un fainéant

pas un triste

laissez-nous la fainéantise

le monde fainéant

époque de latence

on y reviendra

c’est pas la fin de

l’histoire

j’ai envie que ça change pour que ça ne change pas

j’ai pas de vocation de héros

je suis un consubstantiel à l’Etat

UN PETIT TEMPS

H :

sans la banane

 

UN PETIT TEMPS

 

H :

d’ailleurs

dans le fond ou comme ça

j’aime bien les riches

le pauvre il veut être riche

alors que le riche

lui

il a rien à gagner ou à perdre

il navigue à l’instinct

ils quittent leurs femmes

ils se font des putes

ils payent pour se faire pisser sur la gueule

 

ARRIVE LE VENDEUR DE ROSES

……

……