Dans le cadre du programme Bienvenue au studio, l’Arsenic propose à un artiste de s’emparer du lieu. Confié à l’auteure Marielle Pinsard, le « studio » de l’Arsenic se transforme en terrain d’exploration pour inventeurs d’art vivant. Au cours de quatre résidences, un peu moins de deux semaines de recherche en solo, en duo ou en compagnie permettront de tenter les projets les plus déraisonnables. A chaque session, le public est invité à pénétrer dans l’atelier. L’enjeu n’est pas de proposer une forme finie, mais un projet en devenir, fondé sur une écriture se mettant « en action » au contact de l’espace de jeu.

La deuxième résidence Les 7 repas du petit-fils du Rabbin du Maroc et de la bâtarde de Lausanne sont autant d’expériences gustatives et de mots à savourer, nés de la rencontre entre Marielle Pinsard et Gabriel Serero, chef cuisinier à domicile.

Ensemble, ils dressent la table et proposent sept mises en bouche festives en trois déclinaisons où cohabitent esprit théâtral et cuisine. Une manière originale de réactiver nos mémoires gustatives : odeurs de cantine et ambiance tambouille dans Tu manges mon petit ?; errances culinaires entre aspirations écologiques et cuisine toute prête avec Slow Food-Fast Food; et enfin, soirée raffinée et gastronomique avec Service à l’anglaise. Trois performances où des mets et des mots d’auteurs mordent dans le réel.

Service à l’anglaise

Dans un espace raffiné sous forme de restaurant gastronomique avec cuisine ouverte, une quarantaine de spectateurs prennent place autour de tables nappées et dégustent des mets ludiques et savoureux. Gabriel Serero déploie tous les talents de sa cuisine des sens à laquelle Marielle Pinsard et autres compagnons de plume ajoutent leurs grains de sel littéraire. Serveurs et comédiens se confondent et s’amusent du service à l’anglaise. Traité comme un prince, le public déguste autant de mots d’auteurs que de saveurs culinaires et vit une expérience étonnante entre rituels de la table et rituels théâtrale.

Tu manges mon petit ?

Après un passage au self service de la cafétéria et quelques interventions de la concierge, le public s’installe dans une salle de classe et mange spaghetti bolognaises, bâtonnets de poisson, salade russe, etc… Une fois les spectateurs rassasiés et après avoir chahuté dans une ambiance de camp de ski, le cours commence, donné par un professeur remplaçant. Une leçon bien particulière où les textes de Noëlle Revaz et de Bernadette Richard font échos aux rêves passés et à la nostalgie de notre enfance.

Slow Food-Fast Food

Un take-away aux allures de ferme sert de décor à ce repas. Trois hôtesses, dont le service est le plus lent de l’histoire du fast-food, proposent des hamburgers bio. Les menus présentés ne sont pas disponibles, car la plupart des produits sont hors saison ; c’est ce qu’explique un agriculteur de la région. Outre faire la file interminable pour commander son menu, les spectateurs sont invités à lire les textes de Marielle Pinsard disposés en self-service dans la salle. Entre le bio qui demande du temps et de l’argent et le pré-préparé peu cher et servi rapidement, Slow Food-Fast Food porte une réflexion critique sur nos habitudes alimentaires et leurs contradictions.